Notre équipe s’est trouvée face à un défi de taille en ce début d’année : remplacer le magazine de la FCI par une e-newsletter et nous espérons y être parvenus.

Le moment est déjà venu de rédiger la seconde édition et nous espérons que vous prendrez du plaisir à nous lire.

Nous avons, dans notre e-newsletter de mars 2011, tenté d’explorer divers domaines, de nous adresser à des personnes actives sur la scène canine en leur demandant leur avis sur le Junior Handling ou sur le FCI Centenary Winner Dog Show qui aura lieu à Dortmund. D’autres articles intéressants vous sont également proposés et c’est avec plaisir que nous vous invitons à en prendre connaissance.

La communication virtuelle a pris une ampleur non négligeable au cours de ces dernières années et la FCI est, comme tant d’autres, montée dans le train du modernisme. Comme vous le verrez, les chiffres de fréquentation de notre site, et de notre e-newsletter sont éloquents.

Nous profitons également de l’occasion pour vous rappeler l’existence de la « sœur de notre e-newsletter » à savoir notre page FaceBook à laquelle plus de 15.000 personnes ont déjà adhéré. C’est avec grand plaisir que nous vous y accueillerons également.

Le temps est venu de prendre congé de vous pour vous souhaiter une excellente lecture.

Cordialement,
Y. De Clercq
Directeur Exécutif de la FCI
Junior handler: Alice Varchi

Tout d'abord, Alice, je vous invite à vous présenter en quelques mots. Expliquez-nous qui vous êtes, quel âge vous avez, comment vous êtes venue aux expositons canines, et quelles races vous avez.


© Oleg P. Bochkov

Bonjour ! Hé bien, comme vous le savez déjà, je me nomme Alice Varchi. Je vis à Milan (Italie) et j'ai fêté mes 19 ans en octobre dernier. Je fréquente l'Université des Sciences mathématiques, physiques et naturelles, et OUI, les chiens me passionnent. Ma première expérience canine remonte à 1997, l'année de mes 6 ans et de ma rencontre avec le Dobermann. Lorsque j'ai été un peu plus âgée, j'ai commencé à m'intéresser à cette race ainsi qu'à d'autres. J'étais fermement résolue à comprendre l'organisation des lignées et leur sélection. Dans l'intervalle, ma famille a noué des liens avec des éleveurs italiens de terriers, l'élevage « Granlasco », et c'est ainsi qu'est arrivé Nemo, mon premier Bedlington Terrier, Multi Ch. Granlasco Nemo. En mai 2006, nous l'avons présenté à l'exposition nationale de Seveso ; ce fut ma toute première exposition canine. Aujourd'hui, je possède deux Bedlingtons : Multi Ch. Granlasco Nemo et notre grand champion, Multi Ch. Velvety I Want It All.

Nous avons pu vous voir sur de nombreux rings européens, où vous concouriez en tant que Junior Handler. Dans quels pays avez-vous concouru, et quels sont les principaux prix que vous avez remportés ?

Entre mai 2006 et novembre 2008, j'ai été primée en Italie, à Saint-Marin, à Monaco, en Suisse, en Autriche, en Slovénie, en Croatie, en Angleterre, en Suède, en Hongrie et en Allemagne, pour un total de 66 podiums, dont 33 à la première place ! Mes plus grandes réussites datent de 2008 : troisième place à la Finale du Concours international de Junior Handling à la Crufts, jugé par Mme Renee Sporre Willes, quatrième place en finale du championnat du monde de Junior Handling, jugée par M. Peter J. Green, et deuxième place en finale du championnat d'Europe de Junior Handling jugée par Mme Dorotha Witwoska. J'ai pu y concourir en qualité de Championne italienne de Junior Handling et vainqueur du « Carlo Speroni Trophy », mais j'ai l'insigne honneur d'avoir représenté la fédération canine du Luxembourg à l'occasion des finales internationales de 2009.

Comment êtes-vous venue à ce métier ? Où en avez-vous appris les tenants et aboutissants ?

J'ai concouru dans la catégorie Junior Handling dès mon premier concours canin. En réalité, j'ignorais comment présenter un chien, mais bien sûr j'ai essayé de me débrouiller, j'ai écouté les conseils d'un ami, et j'ai observé ce que les autres candidats faisaient. Ce n'est que plus tard, en Slovénie et en Autriche, que j'ai vraiment fait connaissance avec le Junior Handling – je veux dire les trajectoires à suivre et les attitudes à adopter dans le ring. Dès le petit matin, des juges se tenaient à notre disposition dans des rings distincts. Ils ne se contentaient pas de nous donner des points en vue de notre sélection : ils nous donnaient également des recommandations ! Ils m'ont conseillée et souligné mes erreurs. Cela, surtout, importe énormément, car il y a beaucoup à apprendre de ses propres erreurs, et nous savons tous qu'on n'a jamais fini d'apprendre ! Certains pays sont toujours favorables à cette façon de juger et je pense que c'est une manière très efficace de diffuser le Junior Handling. Les Juniors, c'est l'avenir !

Pensez-vous qu'il soit facile d'être juge en Junior Handling ?

Absolument PAS. Dans un concours de JH, vous ne cherchez pas à distinguer le meilleur chien en fonction d'un standard de race bien connu. Vous ne pouvez pas vous contenter de comparaisons qualitatives ; vous devez savoir précisément quelles questions poser pour désigner à coup sûr le meilleur Junior, puisqu'il s'agit de choisir le meilleur handler professionnel présent dans le ring à ce moment précis.

Comment le Junior Handling s'organise-t-il dans votre pays ?

Il y a quelques années, le Junior Handling n'était pas très répandu, mais les concurrents « Made in Italy » ont toujours obtenu des résultats très satisfaisants dans les concours internationaux. Aujourd'hui, pour la première fois dans l'histoire de l'Italie, on assiste à la naissance d'une Association des Junior Handlers. On doit cette initiative à des Juniors, des ex-Juniors, des parents et des supporters. Bien qu’encore en phase d'organisation, nous plaçons beaucoup d'espoirs dans ce projet. Nos méthodes de sélection sont les suivantes : nous gagnons des points jusqu'à la 6ème place, après quoi les trois meilleurs scores de chaque région s'affrontent lors de la Finale nationale – qui se tient généralement en janvier, à l'occasion de la grande exposition de Milan.

© Svetlana Valoueva

Quelles races présentiez-vous lors de ces concours ?

Ma préférence allait largement aux chiens de petite taille tels que Terriers, Teckels et Schnauzers miniatures. Ces chiens sont faciles à mener dans les figures. Toutefois, je dois bien reconnaître que j'éprouvais un plaisir particulier à présenter des chiens de chasse et des chiens courants dans de vastes rings qui vous permettent de voler, voler, voler et encore ...voler !

D'après vous, quelle est la principale qualité dont il faut disposer pour être un bon Junior Handler ?

Pour commencer, je soulignerais que, comme je l'ai déjà dit, un Junior Handler est un handler professionnel en devenir, et il doit donc se conduire comme tel ! Il convient qu'il/elle sache comment se comporter dans un ring, les juges étant attentifs à la qualité des techniques de présentation. Quoi qu'il en soit, j'ai toujours pensé qu'un bon Junior Handler doit disposer d'une qualité majeure qui capte l'attention et permet de distinguer la meilleure prestation de toutes dans un concours : cette « compétence » s'exprime par la relation particulière entre le chien et son handler. Tenir une laisse et pénétrer dans un ring est à la portée de n'importe qui, mais le ressenti est indissociable de la présentation. Seul ce feeling peut vous amener à vous placer en arrière-plan de votre chien, et permettre à celui-ci de briller. Le handling, c'est ça.

Il est fréquent que l'on accuse les parents d'être à l'origine de tensions dans cette discipline. Les parents doivent-ils soutenir les Junior Handlers, ou leur donner davantage d'autonomie ? Parlez-nous de votre expérience.

Ce que vous dites est tout à fait vrai, mais il y a parents et parents. Selon moi, leur rôle est d'aider et de soutenir leurs enfants dans tout ce qu'ils entreprennent dans la vie – mais de manière adéquate ! Le Junior Handling est un plaisir ; les parents ne doivent pas en faire une activité qui met les Juniors sous pression. Leur rôle doit être axé sur l'éducation et le soutien, dans la pratique du Junior Handling comme dans celle de tout autre sport : parfois on gagne, parfois on perd. C'est ce qui permet de grandir, que ce soit individuellement ou en équipe. Enfants et adolescents sont appelés à rencontrer nombre de garçons et filles de leur âge, issus de pays divers ; ensemble, ils vont apprendre à connaître et à aimer les chiens. J'ai eu beaucoup de chance à cet égard : maman et papa ont toujours été à mes côtés ; ils m'ont suivie au fil des concours, presque partout où je suis allée. Nous étions novices dans ce monde canin ; nous nous y sommes initiés ensemble, pas à pas.

Aujourd'hui, vous concourez à titre professionnel, et vous toilettez et entraînez vous-même vos chiens. Vous occupiez-vous du toilettage lorsque vous étiez encore Junior ?

Hé bien, pas systématiquement ! Dès que j'ai commencé à concourir, j'ai suivi une formation en toilettage, ce qui m'a permis de m’y essayer sur mes petits Bedlingtons – je vous laisse imaginer comment une jeune fille de 15 ans peut toiletter ses chiens de façon "professionnelle » ! Toujours est-il que j'ai toujours fait de mon mieux. Mais je concourais avec de nombreux chiens, et lorsque je recherchais une nouvelle race à présenter en JH, je ne savais pratiquement rien de son toilettage. Plusieurs éleveurs et handlers professionnels m'ont gentiment appris à toiletter leurs chiens. Généralement, la première fois, les chiens étaient préparés pour moi, et à partir de la seconde, j'essayais de les préparer moi-même… avec un peu d'aide d'une main plus experte :) C'est ainsi que j'ai appris à toiletter les chiens !

Avez-vous jamais travaillé comme assistante d'un handler professionnel ?

J'ai secondé de nombreux handlers, à de nombreuses reprises - et il m'arrive encore d'aider des amis s'ils en ont besoin. Je commençais toujours par emmener les chiens faire leurs besoins, après quoi je les préparais pour enfin les présenter. Quoi qu'il en soit, je n'ai jamais vraiment travaillé comme assistante.

Quels sont vos projets pour l'avenir ?

Je ne sais pas encore ce que mon parcours universitaire va donner : j'étudie de nombreuses matières que j'adore, en relation avec la génétique animalière et la nature. Je n'ai plus qu'à décider de la voie que je vais privilégier ; il se pourrait qu'elle mène à la cynologie et à ses disciplines connexes. D'ici là, je vais bien sûr continuer à concourir – après tout, c'est là ma plus grande passion. Je vais en outre continuer à m'initier à l'élevage, l'un de mes principaux objectifs étant de devenir un éleveur de qualité et de renom... et qui sait, peut-être serai-je un jour amenée à devenir juge. C'est largement suffisant pour le moment !

Merci de cet entretien, Alice ; nous vous souhaitons bonne chance pour votre prochain concours !

Ce fut un plaisir. Bonne chance aux Juniors !


Interview: Karl Donvil et Svetlana Valoueva